Portrait: Pierre Deleforge

Le portrait : Pierre Deleforge

Pour inaugurer notre rubrique « portrait », nous vous proposons un membre du Conseil d’Administration, soutien actif d’Eclosion, Pierre Deleforge

Peux-tu te présenter et expliquer ton parcours brièvement ?

J’ai 49 ans, j’habite Paris et j’ai deux filles. Je suis depuis 2008 dans l’insertion par l’activité économique. Après avoir dirigé Ecodair, j’ai créé RézoSocial avec un associé, sur une idée d’inclusion autour des métiers du numérique : former et accompagner des salariés en insertion vers des métiers à valeur ajoutée, l’infogérance et le développement de logiciels. Un beau succès et une belle reconnaissance. En 2019 j’ai rejoint la Plateforme de l’Inclusion, une startup d’Etat qui développe les outils numériques pour le secteur de l’inclusion dans l’emploi.

Pourquoi avoir dévié sur le social et plus particulièrement l’insertion ?

Ça m’a toujours choqué depuis que je suis à Paris, les gens à la rue. J’avais commencé par donner de mon temps en tant que bénévole au SAMU social : chaque semaine je voyais les bénéficiaires revenir et chaque semaine ils allaient un peu moins bien. Je me suis dit qu’ils avaient besoin d’un boulot. C’est comme ça que je me suis intéressé à l’insertion. Quand ça a été possible dans ma vie perso, dans ma vie de famille, j’ai quitté mon job – en divisant mon salaire par 3 au passage – pour rejoindre le monde de l’insertion.

Quelles joies et quelles difficultés as-tu rencontrées au cours de ton parcours d’entrepreneur ?

On ne peut pas parler de fierté mais tu réalises que c’est possible. Tu prends davantage de confiance en toi : il n’y a pas de limites. Tu apprends énormément de choses, tu fais des rencontres, tu te retrouves à tout faire. C’est toi qui décides ce que tu fais de ta boîte. Tu es complétement en maîtrise. Il y a toujours des limites mais il y a toujours cette liberté…

Au rang des difficultés : je ne voulais pas rester une petite boîte avec 5 personnes. Je voulais plus d’impact… Mais c’est difficile de grossir en gardant la qualité de ce que tu fais. Ça nécessite d’insuffler une vision, d’incarner l’entreprise. Une part de foi en soi et de foi que tu transmets.

Depuis un peu plus de deux ans tu es intrapreneur au sein du gouvernement, peux-tu en quelques mots décrire ce que tu y fais et pourquoi ce choix ?

Il s’agit de construire des outils numériques, au sein de l’Etat, mais avec les méthodes qui ont fait le succès des startups privés : commencer petit, tester, pivoter, mesurer l’impact. On a démarré de zéro ; maintenant on est une équipe de 25 personnes avec + de 50000 utilisateurs sur nos produits. La grosse différence par rapport à mes expériences précédentes, c’est le niveau d’impact : là j’agis pour le changement d’échelle du secteur de l’inclusion dans l’emploi, au niveau national, avec une ambition d’accompagner 240.000 personnes en difficulté par an. C’est très satisfaisant. Et être assez proche du Ministère délégué à l’insertion et du Haut-Commissariat à l’emploi, c’est aussi mieux comprendre les décisions et les difficultés.

Tu as rejoint le conseil d’administration d’Eclosion dès sa création, quelles ont été tes motivations ?

Quand j’ai entendu Fabien en parler, je me suis dit : « il y a un truc à faire, c’est top ! ». J’ai eu immédiatement envie d’aider, de partager mon expérience, mes idées, mes compétences numériques.

On va pouvoir essayer plein de choses, lancer plein de projets. Et aussi rencontrer des personnes super chez Eclosion. C’est très enthousiasmant.

On veut tous la même chose : créer un business avec un impact. Il n’y a pas que l’impact financier, même si on ne l’ignore pas. 

Quel rôle souhaites-tu jouer chez Eclosion et comment aimerais-tu voir le projet dans 5 ans ?

J’ai déjà un rôle de conseil en tant que membre du CA.  Je souhaite mettre la main à la pâte, réfléchir aux startups que l’on pourrait lancer, mesurer l’impact social et environnemental réel. Et pourquoi pas devenir à terme entrepreneur au sein d’Eclosion.

Quels messages souhaiterais-tu faire passer pour donner envie à d’autres de rejoindre ou de soutenir Eclosion ?

Eclosion c’est peut-être tout petit et au démarrage mais je sens quelque chose qui peut grossir assez vite et avoir assez vite de l’impact. C’est un bon environnement en tant qu’entrepreneur de pouvoir bénéficier de l’expérience d’autres entrepreneurs, pour faciliter la création d’un véritable projet. Le cadre est bienveillant et en même temps exigeant. La situation sociale et environnementale n’est pas bonne et il faut être exigeant pour l’améliorer.

On sort tout juste d’une crise majeure, mondiale et comme toutes les crises c’est l’opportunité d’inventer, de réinventer, de faire mieux. C’est ce qui me donne de l’espoir. Voir tous ces jeunes qui sortent des études et qui veulent se lancer dans l’entrepreneuriat social, ça aussi ça donne de l’espoir !

Portrait: Pierre Deleforge
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